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Rap francais des années 90 :

Panorama des hits et autres trésors oubliés en 50 titres.

Quel-DJ est ravi de vous présenter sa playlist de rap francais des années 90.

L’exercice est délicat, tant les puristes évoquent un âge d’or où flows, lyrics et samples atteignaient un niveau de créativité rarement égalé. De l’egotrip au rap hardcore, cette décennie a posé les bases d’un véritable miracle culturel urbain, porté par des DJs et beatmakers auteurs de prods devenues cultes.

Cette sélection, conçue avec soin et passion, n’a donc pas vocation à clore le débat, mais à proposer un panorama grand public de titres essentiels. Il y aura forcément des oublis, des désaccords — et c’est très bien ainsi. Servez-vous, déplacez, complétez : faites-en le point de départ de votre propre vision.

Dans tous les cas, vous tenez ici une base imparable pour préparer une soirée à thème, un DJ set ou, tout simplement, (re)découvrir l’ADN de cette période fondatrice.

Bonne (re)découverte !

RAP FRANÇAIS DES ANNÉES 90

Dernière mise à jour: 30/10/25


L’essence du rap français des années 90.

113 feat. DOUDOU MASTA — Truc de fou

01
Les inséparables de Vitry-sur-Seine — Rim’K, AP et Mokobé — forment le 113 dans une barre d’immeuble qui porte le même numéro. Membres de la Mafia K’1 Fry, ils s’imposent à la fin des 90’s avec « Tonton du bled » et « Hold Up ». « Truc de fou » restitue bien l’énergie de leurs débuts, d’autant qu’il convie Doudou Masta, figure respectée du rap hardcore. Un titre emblématique du moment où le rap de banlieue commence à toucher le grand public sans renier ses racines.

ARSENIK — Affaire de Famille

02
Aucune playlist Rap francais des années 90 ne saurait occulter le collectif Secteur Ä dont sont issus Calbo et Lino. Le premier album des deux frères, ayant grandi à Villiers-le-Bel, se nomme « Quelques gouttes suffisent » (1998). Et il s’agit tout simplement d’un disque d’anthologie. Ärsenik, c’est cette signature sonore reconnaissable entre mille : des textes sombres, une écriture chirurgicale et le fameux “tch tch” qu’on entend sur chacun de leurs morceaux. Nous avons retenu « Affaire de famille », plutôt que « Boxe avec les mots », pour son refrain mémorable et qui dénote un potentiel plus festif.

ASSASSIN — Underground Connection

03
Assassin est sans doute le premier grand groupe indépendant de l’histoire du rap français. Jamais il n’a fait la moindre concession ni répondu aux sirènes des majors, pour préserver une liberté de ton totale. Cela ne l’a pas empêché d’être certifié disque d’or à de multiples reprises et d’inspirer, plus de trente ans après ses débuts, des générations d’artistes. Fondé par Rockin’ Squat (frère de l’acteur Vincent Cassel) et Solo, le collectif parisien impose, dès la fin des années 1980, un hip-hop radical et engagé, fidèle aux valeurs originelles : paix, connaissance, respect, unité, refus du système. « Underground Connection », en featuring avec l’Américain Supernatural, symbolise l’ouverture internationale du groupe. Un morceau culte, dans la lignée de « La Formule secrète », apparue en 1990 sur la compilation légendaire Rapattitude. Un classique absolu de l’underground français.
Rap francais des années 90 1113 tonton du bled
Playlist Rap francais des années 90 doc gyneco passement de jambe
music rap francais FABE L'Impertinent

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BUSTA FLEX — J’fais mon job à plein temps

04
Le natif de Soisy-sous-Montmorency s’est imposé comme un maître du freestyle. Son flow, aussi pêchu qu’inimitable, était inédit dans le paysage français. « J’fais mon job à plein temps » cristallise cette énergie nouvelle : un mélange d’ego trip et de storytelling qui doit son impact, critique comme commercial, au style unique de Busta Flex. L’un des meilleurs MCs des années 90, qui n’a pourtant jamais montré toute l’étendue de son talent en album. Pour mesurer la filiation, réécoutez le set Hip Hop Soul Party 2 (Cut Killer & DJ Abdel) : la comparaison avec Busta Rhymes s’impose. À (re)découvrir aussi : « Pourquoi », « Hip Hop Forever » et « Nuff Respect ».

DOC GYNECO — Passement de jambes

05
Bien avant ses errances médiatiques, Doc Gynéco incarne le souffle nouveau du rap français avec Première Consultation (1996). « Passement de jambes » en est une pépite : métaphores sportives, humour, auto-dérision et regard très lucide sur l’industrie du disque. Il y invente son « rap varièt’ » sans complexe, sur une prod souple et solaire. Un titre qui a marqué les années 90 par son ton détendu et sa plume maligne.

FABE — L’Impertinent

06
Mystérieux MC de la Scred Connexion (avec Koma, Haroun, Mokless et Morad), Fabe incarne ce qui se faisait de mieux dans le rap francais des années 90. Période au cours de laquelle il fut d’ailleurs le plus actif, avant de se retirer pour embrasser l’islam. Authentique et toujours bien entouré, il s’en prend autant à la classe politique qu’aux rappeurs qui s’inventent un vécu de gangster. Son crédo : la « réa-littérature », une écriture exigeante, stylisée, ancrée dans le réel. Pas étonnant que « L’Impertinent » n’ait pas pris une ride : le propos reste tristement d’actualité. Un chef-d’œuvre du genre.

EXPRESSION DIREKT — La Roue Tourne

07
En 1994, le 7.8 émerge enfin dans le paysage du rap français. Son plus digne représentant? Un groupe mantais originaire du Val-Fourré, Expression Direkt. Partout, ce nom circule, associé à des « racailles » authentiques, proches de figures du banditisme et chaperonnés par le sulfureux Rud Lion. De toute évidence, leur rap est brut. Assez pour attirer l’attention de Mathieu Kassovitz et de son film La Haine, ou pour remplir de grandes salles de concert sans exposition médiatique. Avant leur tentative infructueuse avec le show-business, le groupe signe en 1997 ce qui peut être considéré comme son hit : « La roue tourne ». Un titre présent sur la compilation culte L.432, qui marque l’apogée du son réalisme brut: un son sec, lourd, mais profondément humain.

FONKY FAMILY — Sans Rémission

08
D’abord formée pour n’assurer qu’une première partie de concert au Café Julien (Sens Unik), la FF va rapidement détonner grâce à son énergie brute ainsi qu’à son incroyable productivité. Son premier succès sera un featuring avec Akhenaton : le single « Bad Boys de Marseille » en 1996. Une fois sa carrière lancée, et au gré de connexions multiples (notamment avec les Parisiens de Time Bomb), le groupe marseillais va se surpasser au point de marquer toute une génération. « Sans rémission » reflète assez bien son état d’esprit comme son indiscutable talent : un rap franc, qui respire la rue vraie, des flows rageurs, mais aussi une prod particulièrement inspirée. À l’exception de Sat L’Artificier, gravitant autour de l’OM et qui fut le premier à annoncer le décès de Karima (la choriste du groupe), la Fonky Family semble définitivement disparue des radars.

IAM — Demain c’est Loin

09
L’École du micro d’argent est l’un des albums d’IAM qui comptent le plus et qui est à posséder en vinyle (rare en première édition). Nous faisons le pari qu’il figure parmi les 100 meilleurs albums français de tous les temps (si ce n’est pas déjà le cas…). Écrit et enregistré en 3 jours, c’est sans refrain, mais sur un rythme effréné, que les fantastiques rappeurs d’IAM délivreront ce pur monument de la culture urbaine. Là aussi, on touche le meilleur rap français produit à ce jour, même s’il ne faut pas exclure l’opus « Planète Mars » sorti en 1991, l’iconique « Je danse le Mia », mais aussi le légendaire « La Saga » avec Sunz of Man.

IDEAL J — Hardcore

10
Bien qu’il y ait ici matière à controverse, « Hardcore » est un hymne du rap français qui aura définitivement marqué les années 90. Kery James y livre un texte dense, quasi journalistique, où chaque vers est une photo brute du monde de la fin des années 90 : guerres, inégalités, hypocrisie médiatique et dérives politiques. Ce morceau a d’abord été censuré par les médias pour ses propos jugés choquants. Mais, en dépit de sa construction « guerrière » ainsi que de son contenu parfois agressif, il répond à toutes les qualités attendues de son temps pour d’un rap de haut niveau.

LA CLINIQUE — Tout saigne

11
Posé sur la compile Hostile, « Tout saigne » est un contre-pied au tube « Tout baigne » (Ménélik). Doc Gynéco et ses complices signent ici un banger capable de faire bouger même les publics réfractaires au rap. Flow souple, gimmick efficace, humour noir : ce titre reste célèbre pour le couplet de Doc, parmi les plus jubilatoires de la décennie.

LUNATIC — Le Crime paie

12
Probablement le plus grand classique du rap français 90’s. Hymne de l’underground, « Le Crime paie » met en scène une débrouille amorale face à la galère, portée par une prod lugubre et des flows d’une nonchalance menaçante. Au-delà du premier degré, c’est surtout l’énergie de l’œuvre qu’il faut retenir : écriture chirurgicale, réalisation millimétrée, technique impeccable. Cette marque de fabrique propulsera ensuite Booba au rang de figure centrale d’un rap game devenu autant business que révolte. Indélébile.

MC SOLAAR — Bouge de là

13
Dans la catégorie « ancien rappeur français », Solaar s’inscrit en chef de file. Son premier album, Qui sème le vent récolte le tempo (1991) renferme le texte fondateur du genre : « Bouge de là ». Dans un style cool et en plusieurs saynètes, le membre du Posse 501 livre la narration fictive de l’une de ses déambulations dans le Paris populaire. L’occasion pour lui de mettre en relief quelques  clichés urbains typiques : la drague, la bagarre, la misère, les rencontres multiculturelles… Mais, à contretemps du rap contestataire, il privilégie une posture pacifiste, avec un goût marqué pour les jeux de mots, les images malicieuses et les références pop. Poète urbain détaché, jouant sur l’autodérision et l’ironie, il sera naturellement plébiscité  sur Rapline (l’emission rap de M6). « Bouge de là » devient alors le premier grand tube du rap français, et Solaar le représentant le plus populaire d’un style encore en gestation.

MINISTERE A.M.E.R. — Sacrifice de Poulet

14
Tandis que Doc Gynéco peaufinait l’album de rap « varièt’ » qui allait devenir le plus vendu en France, la paire Passi–Stomy Bugsy livrait son ultime tour de chant avec Ministère A.M.E.R . Un registre rap engagé, frontal et polémique, qui laissera ensuite place, à une myriade de tubes en solo: « Les Flammes du mal » ou « Le Maton me guette » pour Passi, « Mon papa à moi est un gangster » pour Stomy. Le mythique « Sacrifice de poulet », qui raconte des émeutes en banlieue parisienne et appelle clairement à la défiance envers la police, inspirera la bande originale de La Haine. La jeunesse y est invitée à « se faire justice », ce qui vaudra au groupe les foudres du ministère de l’Intérieur. Un procès très médiatisé qui scellera, de fait, la fin du groupe originaire de Garges-Sarcelles mais qui marquera aussi l’apparition du Secteur Ä…

NTM — Tout n’est pas si Facile

15
On ne présente plus les précurseurs que sont Kool Shen et JoeyStarr, figures emblématiques de NTM. S’ils sont surtout reconnus pour la virulence de leurs textes, dressant le constat d’urgence d’une société fracturée, ils ont aussi su livrer un rap plus léger et taillé pour le dancefloor (« La Fièvre », « Ma Benz »…). À mi-chemin de ces choix artistiques, NTM était aussi capable d’introspection. C’est le cas avec le magistral « Tout n’est pas si facile », témoignage à la fois historique et personnel, retraçant la genèse du hip-hop français, les valeurs fondatrices du mouvement, mais aussi les fractures humaines liées du succès. À travers ce morceau, NTM gravit un échelon dans sa montée en puissance, affichant la maturité nouvelle de son rap que d’aucuns qualifient désormais, et affectueusement, de old school.

OXMO PUCCINO — L’Enfant Seul

16
S’il en est un qui peut se vanter d’avoir posé en studio avec les plus grands MCs de l’Hexagone, c’est bien O.X. D’abord membre du collectif Time Bomb, le rappeur du 19ᵉ a marqué les esprits dès son premier opus, Opera Puccino. Il saura ensuite évoluer, au fil des années, en explorant avec pertinence le jazz comme la chanson. « Mama Lova », ode à sa mère et à toutes les mamas du monde, synthétise parfaitement la dimension d’un rappeur libre d’exprimer ses émotions. Sa poésie et sa qualité d’interprétation, rares, sont encore plus éclatantes sur le culte « L’Enfant seul ». Du caviar pour les parents qui veulent faire découvrir un rap sans grossièretés. Une masterclass pour la nouvelle génération de rappeurs de France.

PASSI — Les flammes du mal

17
Après l’aventure Ministère A.M.E.R., Passi entre dans l’âge d’or du rap français avec le Secteur Ä. Son premier album solo Les Tentations (1997) est un pari artistique réussi : grand public sans perte d’intégrité. « Les flammes du mal », aussi présent sur la B.O. de Ma 6-T va crack-er, en est le morceau-phare. Trame sombre, voix hypnotique, plume lucide : le son typique de « Son Altesse Double S ».

PREMIERE CLASSE — On fait les Choses

18
Le label Première Classe, issu de la maison mère Secteur Ä, convoque en 1998 les Neg’ Marrons (Jacky Brown, Ben-J), Mystik, Pit Baccardi et Rohff pour poser les bases d’une compilation à venir. Autant d’artistes qui dictent alors le son rap du moment et qui, forts de leur statut d’élite, vont produire une sorte de super rap, déluge de technique au mic et de punchlines assumées en toute tranquillité. Le haut niveau du Rap francais des années 90 est tangible sur ce seul classique de 5 minutes, ponctué par un refrain qui placera définitivement l’égo-trip sur orbite. On en retrouve d’ailleurs plusieurs traces en live et showcase sur YouTube.

ROHFF — Génération Sacrifiée

19
ohff n’a que 22 ans lorsqu’il signe, en 1999, son magistral Code de l’honneur. Un disque à la vision du monde alarmiste, mais d’une lucidité magnifiquement dépeinte. Le titre « Génération sacrifiée », désormais intronisé au panthéon du rap game, illustre parfaitement la marque de fabrique du rappeur du Val-de-Marne. Il s’agit, en outre, d’un morceau-fleuve, aux allures de freestyle, qui ne laisse aucun répit à l’auditeur. Membre de la Mafia K’1 Fry et frère de I.K (alias TLF), Rohff se livre sans filtre, bien loin de ses futures aspirations “skyrockiennes”. Il fustige un appareil d’État qui annihile tout espoir pour la jeunesse des cités HLM, ne lui offrant qu’indifférence, mépris, voire un racisme viscéral.

SAIAN SUPA CREW — Ras de marée

20
En 1999, six MCs décident de faire entrer le hip-hop hexagonal dans une autre dimension. Le Saïan mêle beatbox, changements de voix, flows acrobatiques, humour, conscience et sens du spectacle. « Ras de marée » synthétise cette proposition artistique unique : c’est technique, drôle, exigeant, mais hyper accessible. Le groupe montre qu’on peut faire du rap 100 % hip-hop sans être plombant, et ouvre la voie à toute une scène plus ouverte et créative.

ZOXEA — Rap, musique que j’aime

21
Après le parcours remarquable avec les Sages Po’, Zoxea livre en 1999 À mon tour d’briller, un premier album solo qui s’impose naturellement comme un classique : plume, flow, refrains, feats, tout est carré. « Rap, musique que j’aime » est l’un des très beaux titres de déclaration d’amour au hip-hop français de cette époque : sincère, musical, chaleureux, sans posture. Du Zoxea pur jus.
IDEAL J – Hardcore rap francais 90
oxmo puccino mama lova
ZOXEA-Rap-Musique-que-J-aime playlist hip hop francais

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Capitale du flow: L’École parisienne du rap francais.

2 BAL & MYSTIK — La Sédition

22
2 Bal sont deux frères jumeaux survoltés, originaires de Chelles, qui se sont investis dans la pratique « rapologique » dès la fin des années 80. Ils sont auteurs d’un grand nombre de classiques du rap français indépendant, dont l’inimitable « Sédition » paru sur la bande originale d’un film dénué d’intérêt : Ma 6-T va crack-er. Des textes politiques, vindicatifs et ciselés, salués par la critiques et largement plébiscités par le public. Comme leur compère Mystik, qui venait quant à lui de Meaux, leur carrière plus que prometteuse sera écourtée par des affaires judiciaires sérieuses. Il n’en demeure pas moins que l’unique album de 2Bal 2Neg, intitulé 3x Plus Efficace, reste le missile skeud de l’année 1996. Un opus indispensable pour tout amateur de vrai rap aux instrumentaux puissants et à l’écriture soignée, co-produit par un certain Tefa (Diam’s, Kery James, Sam’s, etc.).

AFRO JAZZ — Strictly Hip Hop

23
La courte durée de vie du collectif Afro Jazz s’explique certainement par la revendication d’un hip-hop français sans concession, ainsi que par un engagement panafricain trop en avance sur son temps. Afro Jazz cherchait sa voie avant d’être repéré par JoeyStarr, qui leur permettra de faire les premières parties de NTM avant de les faire signer chez Island Records. On retiendra de cette expérience créative un album qui aura suscité l’intérêt de beatmakers de renom aux États-Unis. Et « Strictly Hip Hop » n’est rien de moins qu’un featuring avec le légendaire Ol’ Dirty Bastard (Wu-Tang Clan). Un morceau d’anthologie.

BEAT DE BOUL — Beat de Boul dans la Sono

24
Beat de Boul, c’est l’union de MCs qui gravitaient autour du quartier du Pont-de-Sèvres, à Boulogne-Billancourt. Indissociable des Sages Poètes de la Rue, véritables piliers du rap hexagonal, le collectif sort en 1997 la compilation Dans la Sono, qui présente l’élite rapologique du 92, avec notamment les futures pointures LIM, Mala ou Sir Doum’s. Le titre « Beat de Boul dans la Sono » en est l’hymne : un ego trip survitaminé, truffé de punchlines et de maîtrise technique. Véritable manifeste du rap français authentique, le morceau symbolise l’esprit de clan et l’excellence du 92 à son apogée.

DADDY LORD C — Freaky Flow

25
Figure centrale de La Cliqua, Daddy Lord C est un MC d’envergure dont l’influence sur le rap francais des années 90 reste considérable. Frère de Joe Dalton, il sort en 1994 le maxi Jaloux / Freaky Flow, produit au sein du collectif avant-gardiste de Nemours. Bien qu’il n’ait jamais publié d’album solo à la hauteur de son talent, Daddy Lord C demeure une référence incontournable. « Freaky Flow » illustre parfaitement sa technique, son charisme et cette touche funk propre aux pionniers du rap hexagonal. Un titre emblématique d’une époque où le flow primait sur la notoriété.

DEMOCRATES D — Le Crime

26
Attention : le son de ce posse issu de la cité des Bosquets (Montfermeil) est aussi rare qu’atypique… et culte ! Un texte sombre, âpre, qui suinte la rue. Paradoxalement, l’instru signé Jimmy Jay est très soulful et rappelle la patte du premier MC Solaar, pourtant plus consensuel. « Le Crime » demeure l’étendard d’une discographie aussi chiche qu’exaltante. Une pépite à (re)découvrir.

KOMA — Une époque de fou

27
Le cofondateur de la Scred Connexion fut l’auteur d’un excellent album, Le Réveil, paru en 1999. Mais « Une époque de fou », sorti trois ans plus tôt en indé, lui colle encore plus à la peau. Le morceau pose déjà les jalons d’un MC surdoué : regard social affûté, phrasé limpide, ton grave mais jamais démago. C’est l’un des titres qui résument le mieux la veine « réaliste » du rap français de la fin des 90’s.

LA BRIGADE feat. LUNATIC — 16 rimes (Le chargeur est surchargé)

28
La Brigade, collectif de soldats du rap français, a souvent préféré la cohésion à la mise en avant individuelle. Ce feat. avec Lunatic, alors au sommet de son aura underground, en est la preuve : ambiance sombre, gimmicks martiaux, écriture menaçante. « 16 rimes » montre à quel point le circuit parisien de la fin des 90’s fonctionnait en réseaux serrés, entre rap de rue, engagement et maîtrise technique.

LA RUMEUR (ÉKOUÉ) — Blessé dans mon égo

29
La Rumeur refuse les codes d’un rap français formaté : c’est un rap d’enfants d’immigrés dignes, sans ego trip inutile, sans compromis artistique. Dans la fameuse trilogie d’EPs qui révèle tour à tour Ekoué, Hamé, puis Mourad et Philippe, « Blessé dans mon égo » (1997) tient une place à part. Ekoué y raconte son retour au pays, le choc identitaire, la désillusion, la difficulté d’être perçu comme « trop français » là-bas et « trop africain » ici. Une pièce rare, d’une acuité politique et intime que peu de rappeurs avaient osée à l’époque.

M GROUP — Éteins ta télé

30
Connaître M Group, c’est déjà appartenir au cercle des fins connaisseurs du rap français. Trio du 95, ils ont toujours privilégié la qualité artistique aux compromis commerciaux. « Éteins ta télé » est un rap de principes, posé avec maîtrise, qui rappelle que la scène francilienne fourmillait de talents dans l’ombre. On y retrouve plus tard Akem, futur El Tunisiano de Sniper : preuve que ce vivier parisien était extrêmement fécond.

MAFIA TRECE — À la recherche du mic perdu

31
Depuis le 13ᵉ arrondissement de Paris, Mafia Trece a marqué son temps par son esprit de clan et sa mise en scène très cinématographique. « À la recherche du mic perdu », extrait de Cosa Nostra (1996), condense sa vision : rap sombre, ambitieux, théâtral, solidement ancré dans la rue parisienne. Un morceau un peu oublié, mais précieux pour comprendre l’esthétique hardcore de la capitale à cette époque.

MAFIA UNDERGROUND (Noxious) — Foxa bouge

32
Formation discrète de Vitry-sur-Seine, Mafia Underground a très peu laissé de traces officielles, mais « Foxa bouge » reste un véritable banger de quartier. Sous-estimé par les gardiens du temple, ce morceau rappelle que la scène du 94 comptait Sulee B Wax, Wallen, Noxious ou encore Sté Strausz dans ses rangs. Un document sonore rare, à archiver.

ROCCA — Les jeunes de l’univers

33
Pilier de La Cliqua, Rocca confirme en solo avec Entre deux mondes (1997) qu’il est l’un des MCs les plus techniques de sa génération. « Les jeunes de l’univers » est un classique positif, calibré FM mais porté par une vraie sincérité. Double culture, flow agile, écriture du réel : tout ce qui a fait le charme du circuit parisien de la fin des 90’s est là.

SAGE POETES DE LA RUE — Va Tej Ton Gun’

34
Dany Dan, Melopheelo et Zoxea sont des légendes trop méconnues du rap français. Sans bénéficier d’un relais médiatique massif, ils ont façonné une identité très forte : écriture fine, esprit positif, groove new-yorkais adapté au parler de Boulogne. Dans cette veine, « Va tej ton gun’ » est un hymne pacifiste qui rééquilibre le discours d’un rap parfois trop fasciné par la violence. C’est du rap adulte, élégant, qui a influencé en sous-main toute une génération.

TSN (TOUT SIMPLEMENT NOIR) — À propos de tass

35
TSN fait partie de ces groupes parisiens injustement tombés dans l’ombre. « À propos de tass » (1995) est pourtant un ovni : instru ouverte par un sample de Claude François, ton potache et cru, parisianisme assumé. Le disque faisait partie des plus volés au Virgin des Champs-Élysées, c’est dire son aura. Une proposition artistique singulière, très 90’s, à conserver dans une section “trésors à (re)découvrir”.

X MEN — Retour aux pyramides

36
C’est grâce à Ma 6-T va crack-er que ce joyau du rap français s’impose en 1997. Plus qu’un classique, le morceau fixe un standard : prod sombre, écriture de haut vol, révolte maîtrisée, esthétique Time Bomb en majesté. Ill et Cassidy y

booba boulbi
akhenaton bad bys de marseille Top du Rap Francais
TSN A propos de tass

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Marseille & la toute la province de France qui répond.

AKHENATON — Bad Boys de Marseille (Part II)

37
Akh est un pilier du rap français. S’il est principalement connu pour son appartenance au groupe marseillais IAM, sa personnalité propre fait autorité tant face aux médias que face à un public connaisseur. En 1995, son album Métèque et Mat marque le besoin de l’artiste de s’affirmer en solo, de se reconnecter à ses racines napolitaines et de livrer une ouvre plus intime. Il en résulte notamment ce titre, qui confirme le talent d’un amoureux de Marseille, capable de fédérer tout en magnifiant de sa plume des réflexions particulièrement profondes sur son époque.

CHIENS DE PAILLE — Maudits soient les yeux fermés

38
Le rap sombre de Chiens de Paille s’écrit depuis la région PACA. Le duo devient culte grâce à l’inoubliable « Maudits soient les yeux fermés », qui ouvrait la B.O. du film Taxi en 1998 et révélait aussi le groupe Carré Rouge. Un succès somme toute relatif, que Hal et Sako ne parviendront jamais à transformer, sans doute parce que leur authenticité se mariait mal avec les concessions imposées par le show-business. Culte.

FREEMAN — Elle, chienne

39
Alors que l’âge d’or du rap français touche lentement à sa fin, l’ancien danseur d’IAM se verrait bien, lui aussi, tout en haut de l’affiche. Son album sort en 1999 et, de toute évidence, sa famille hip-hop a bien répondu présent pour soutenir un travail honnête et respectable. Si nous sommes globalement loin de la qualité attendue d’un album solo « made in Marseille », le titre « Elle, chienne » détonne par une mélancolie qui sied finalement bien au timbre du rappeur marseillais.

KDD — Une princesse est morte

40
Digne représentant du rap toulousain, le Kartel Double Détente (KDD) a largement contribué à l’explosion du rap des années 90. Sans répondre aux codes de la starification, le groupe tournait en boucle sur la FM ainsi que sur les autoradios K7. On se remémore alors les fameux « Big Bang KDD », « Le Geste » ou « Qui tu es ». Mais Dadoo et ses « sales gosses » ont surtout marqué les esprits avec « Une princesse est morte » : une ode à toutes les mères et femmes de combat, dont la femme de Malcolm X, Betty Shabazz. Un titre sincère et authentique, qui rappelle à quel point le rap ne fut pas toujours la B.O. d’une industrie plaçant l’argent au centre de tout.

N.A.P. feat. STÉ STRAUSZ — Le chant des signes

41
Loin du rap bravache, les Strasbourgeois de N.A.P livrent avec « Le chant des signes » (1998) un rap conscient, intime et très écrit. La présence de Sté Strausz, pionnière du mouvement, renforce encore la portée du morceau. Abd Al Malik y impose déjà un flow posé, clair, presque pré-slam, qui annonce sa future trajectoire. Un titre lucide sur une génération désabusée : à réhabiliter.

SOUL CHOC — Le Tournoi

42
Alors qu’un axe Paris–Marseille semblait concentrer l’essentiel du rap francais des années 90, Prince d’Arabee et son crew rappelaient depuis Angers que la province savait, elle aussi, kicker très fort. Soul Choc, c’était un rap provincial, frontal, sans complexe, avec un vrai potentiel suffisamment dangereux pour attirer l’oreille des esthètes de l’époque. Mais, faute d’exposition nationale, le groupe s’est peu à peu dissous dans les méandres de l’histoire. D’où l’intérêt de réhabiliter leur talent avec ce posse cut d’anthologie, « Le Tournoi », qui fixe sur disque l’énergie brute de cette scène oubliée.
akhenaton bad bys de marseille Top du Rap Francais
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Trésors oubliés et/ou à (re)découvrir du rap francais des années 90.

ATK — Tricher

43
ATK pour « Avoue que tu kiffes ». Collectif de l’Est parisien dont l’apport demeure largement sous-estimé, ATK voit ses vinyles figurer parmi les plus recherchés du rap français. Des titres comme « Tricher », « Mangeur de pierre » ou « L’Histoire de deux lascars » méritent encore aujourd’hui une sérieuse réhabilitation.

BAMS — Vivre ou Mourir

44
Le succès de Bams est toujours resté confidentiel, même dans les années 90. Pourtant, son œuvre traverse le temps sans perdre de sa force. Loin du cliché de la chanteuse de R’n’B, elle s’impose comme une femme noire libre, engagée, et résolument affranchie des stéréotypes. La rappeuse s’interroge, s’indigne, se livre dans un style qui trahit un parcours aussi riche qu’ouvert au monde qui l’entoure. Trop en avance sur son époque, ou simplement hors format pour les médias dominants, Bams s’est surtout révélée sur scène, là où son authenticité prenait tout son sens. « Vivre ou Mourir » atteste cette autodétermination farouche. Un titre fort, essentiel, à redécouvrir d’urgence.

EAST feat. FABE — Mots vrais

45
Activiste hip-hop respecté par ses pairs et cofondateur du label Double H, East voit sa trajectoire brisée par un tragique accident de moto. Lumineux de son vivant, il n’avait pourtant laissé que peu d’enregistrements notables et semblait voué à sombrer injustement dans l’oubli. Le groupe IAM, qui prévoyait de collaborer avec lui, ira jusqu’à exploiter un freestyle enregistré sur Radio Nova afin d’intégrer sa voix à leur œuvre. Pour honorer sa mémoire, Cut Killer exhumera également des archives a cappella et produira de nouvelles instrumentales. Il convie alors Fabe, Daddy Lord C ou Khondo afin donner la réplique au flow tranchant de East. Ce projet, nommé Eastwoo, fera renaître sa voix. Le titre « Mots vrais » en est la pièce maîtresse : du très haut niveau rapologique.

LADY LAISTEE — L’Impact net

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La « demoiselle stylée » était vouée à une très grande carrière dans le rap français. D’abord parce qu’elle a su imposer son talent parmi tous ceux que nous considérons aujourd’hui comme les pionniers du genre, puis parce qu’elle s’inscrivait, avec Saliha, Casey et Sté Strausz, parmi les rares femmes visibles à l’échelle nationale. Hélas, une série d’infortunes personnelles l’ont écartée de la scène : l’assassinat de son frère et un grave accident vasculaire cérébral, entre autres. « L’Impact net » ne constitue pas en soi une tuerie rapologique, mais il cristallise peut-être la carrière trop brève d’une artiste qui a marqué, de manière indélébile, le rap francais des années 90.

LONE & BUSTA FLEX — Les Skyzos

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« Le manouche de souche » et le freestyleur le plus en vue des années 90. Ensemble, ils signent un album de référence, pourtant méconnu du grand public. Que dire des « Skyzos », petit ovni rapologique où délires énervés et flows démentiels rappellent à quel point leur époque était aussi celle de tous les possibles artistiques.

POLO — Panne sèche

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Un maxi et puis plus rien. Nul ne semble savoir ce qu’il est advenu de Polo Blacktagga depuis ce petit chef d’œuvre, confession à la première personne d’une grande fatigue existentielle. Sur un beat minimaliste, Polo nous embarque dans sa dépression. Il semble marginalisé par les violences sociales et économiques. Aussi, le compromis entre résignation et envie de s’en sortir est loin d’être évident. Probablement l’un des morceaux les plus profonds et les plus existentiels du rap francais des années 90.

PSYKOPAT — Bad Tripeuzzzz

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Animalxxx et Bad Reak ont fait leurs armes en assurant les backs du Suprême NTM. Quand le duo devient Psykopat et sort son premier album L’Invasion, on sait d’emblée qu’on aura affaire à un rap d’écorché. Hélas, l’ensemble du projet manque d’inspiration. Cependant, le morceau « Bad Trippeuzzzz » fait figure d’exception. Il s’agit d’un egotrip halluciné, sombre, posé sur un beat oppressant, où les deux MCs lâchent une performance vocale très efficace. À noter que le morceau sera retenu sur Rapologie (Skyrock/Virgin, 1998), compilation emblématique de la scène rap française de cette année-là.

SALIHA — Femmes des sables

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À l’instar de Bams, que nous citions précédemment, Saliha fait partie des rappeuses injustement mises au ban de l’histoire. Elle fut pourtant une pionnière dans un paysage du rap français très viril, écumant dès ses 16 ans les open mics parisiens où elle rencontre le groupe New Generation MC, lequel la soutiendra dans son ascension. Première grande étape : sa participation au Deenastyle (l’émission de Dee Nasty et Lionel D). Ensuite, elle intègre Rappattitude, la première compilation de rap français, avec son titre phare « Enfants du ghetto » (1990). Son premier album sera un échec commercial, en dépit d’une œuvre de très belle facture. Le second opus, quant à lui, témoigne une fois de plus du mépris des majors à l’accompagner sur la durée. Elle y livre notamment cette fable humaniste, « Femme des sables », racontant la destinée tragique et résiliente d’une femme du désert.
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Rap francais des années 90

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